Il y a une recette pour faire des schémas ?
Et aussi des astuces Powerpoint et des formations.
Bonjour,
Bienvenue dans cette 2e édition de notre newsletter dédiée au Legal Practice Management. On est 170 de curieux et curieuses des nouvelles pratiques du droit.
Aujourd’hui, thématique Legal design, on va parler schémas juridiques !
La pensée :
”C'est quoi la recette pour faire des schémas dans les documents juridiques ?”
On me demande régulièrement "comment on représente visuellement" telle ou telle notion juridique. Par exemple, comment on représente les conditions de validité d'un contrat ? Comment on représente les effets d'un droit de propriété intellectuelle ?
Ma réponse est frustrante : il n'y a pas de technique visuelle pour représenter de manière générique une notion juridique, ce que soient des conditions, des effets, un délai, la législation, le champ d’application, des qualifications juridiques, etc.
La raison ?
Le visuel dans un document juridique a une fonction de communication, pas une fonction technique. Le premier enjeu d’un document juridique, c’est sa bonne compréhension par le client, par le juge ou par les parties au contrat. Le visuel n’a pas à produire une représentation exacte, mais à produire une représentation qui permet de bien comprendre l’idée qui, elle, est expliquée avec exactitude dans le texte.
Quand on se lance dans la création d’un visuel pour illustrer un document, il est tentant de se laisser entrainer à essayer de donner une représentation techniquement exacte, comme si l’on réalisait un schéma électrique ou un plan de bâtiment. Or, même si c’est déduisant d’aller chercher l’inspiration du côté de ces documents techniques, où chaque élément visuel est normé, c’est surtout une erreur.
Dans un document technique, les normes visuelles garantissent l’exactitude de l’info, mais elles sacrifient la clarté de l’ensemble. Ces documents sont des outils de travail exigeants pour leur utilisateur qui n'a d'autre choix que de s'y plonger des heures durant, de les annoter. Or ce n’est pas l’effet que l’on veut produire avec un schéma inséré dans un document juridique. La seule exception serait la situation où l’on construit un process en langage UML pour expliciter une consultation ou illustrer le fonctionnement d’un contrat (très utile dans les pactes d’associés par exemple). Là, le visuel devient lui-même un document technique de travail. C’est loin d’être la majorité des cas.
Le schéma doit dire quelque chose : sa structure s'adapte au propos que l’on tient dans le texte, pas aux notions dont on traite.
Par exemple, mettons que je veuille illustrer un document qui parle de bail commercial.
Si je me concentre sur les droits et devoirs pour mettre en exergue la position de faiblesse du locataire, je dois adopter une structure de cartographie et les symboles adaptés.
Mais, tout en continuant à parler du bail commercial, si je veux plutôt dérouler la vie du contrat pour montrer que les difficultés apparaissent au bout de 3, 6 et 9 ans, alors je dois adopter une structure de process et une symbolique différente.
Idem, si mon propos est de comparer le bail commercial avec la convention d'occupation précaire, j’irai sur une structure de comparaison.
Bref, si vous n’avez pas d'intention ou de propos clairs à communiquer dans votre développement écrit, ne tentez même pas d'illustrer par un schéma ce qui n'existe pas.
C’est une erreur de s’inspirer des documents techniques, comme le schéma électrique ou les plans de bâtiments, pour faire un schéma juridique.
Toutefois, s’il n’y a pas de norme pour représenter du droit en schéma, il y a tout de même une méthode.
En effet, on parle régulièrement des mêmes choses en droit, et c’est ce qui permet par conséquent de dégager une méthode pour trouver le “juste schéma”. Par exemple, on doit souvent processer un raisonnement, pointer les qualifications juridiques sur des relations entre acteurs, comparer l’avant et l’après d’une réforme et pointer ce qui change et ce qui ne change pas.
Avec RHVisuels je pratique une recette qui fonctionne sans faille depuis 4 ans. Elle tient en 3 étapes :
Étape 1 - on se positionne sur 4 propos possibles :
Impact : on est dans une situation où l'on veut impacter avec une idée.
Cartographie : ou alors on veut cartographier une situation.
Process : on peut aussi dérouler un processus.
Comparaison : …ou comparer deux objets.
4 nuances, dont on tire 4 structures de schémas fondamentales.
Étape 2 : on adopte une sémantique visuelle cohérente en distinguant bien les sujets / les objets / les actions / les attributs.
Pour les sujets et les objets, on privilégie des formes (une partie à un contrat, une société, un immeuble, un contrat, etc.).
On réserve tout ce qui est flèches aux actions (Acheter, licencier, attaquer, payer, etc.).
Enfin, ce qui n'est ni un sujet, ni un objet, ni une action est nécessairement un attribut. On va le représenter sur l'objet sous la forme d'un picto ou d'une étiquette.
Bien maîtriser ce qui relève d’un sujet, d’un objet, d’une action ou d’un attribut dans un schéma permet d'éviter les incohérences et les redondances.
Par exemple, pour indiquer qu’une société A est l’associée d’une société B, on ne met pas de flèches entre les deux. Ce n’est pas une action. La présence de cet actionnaire au capital est un attribut pour la société A, attribut que l’on représente comme une étiquette sur le sujet qualifié. De même, un contrat est un objet que l’on place à côté d’un sujet et d’où partent des actions.
Pour indiquer qu’une société A est l’associée d’une société B, on ne met pas de flèches entre les deux.
Étape 3 : une fois qu'on dispose de la bonne structure (qui colle au propos) et qu’on utilise la bonne sémantique, il ne reste plus qu’à appliquer 6 règles de composition visuelle.
Séparer le texte et l’image,
Aligner sur une grille,
Faire simple,
Conserver une marge en toute circonstances (autour du schéma, autour des éléments, etc.),
Utiliser correctement la symbolique des couleurs,
Tenir compte du chemin de l'oeil en travaillant le contenu du coin en haut à gauche
Exagérer visuellement les hiérarchies d’informations.
Astuce :
Pour réaliser ces schémas, j’utilise Powerpoint comme un outil de dessin.
Si vous démarrez avec Powerpoint, je recommande cette vidéo de Yves Jara qui permet de passer la première marche : Comment utiliser les outils de dessin dans Powerpoint.
Pour les plus avancés, pensez à créer une base de schémas avec Smart Art pour aller vite, puis utilisez la fonction “Convertir en formes” pour fignoler. En effet Smart Art est un outil à double tranchant : utile pour monter rapidement une base de schéma, infernal pour faire du détail et du sur-mesure.
Réclame ! 📣
Si “Smart Art” est un terme qui ne vous dit rien, visitez ma toute nouvelle page formations Legal design et Legal practice management.
J’ai redécoupé toutes les formations en modules pour que vous puissiez choisir celui ou celle qui vous convient. Vous voulez devenir le roi ou la reine du schéma juridique ? Préinscrivez-vous en solo ou avec des amis, et on s’organise une session visio à prix préférentiel !
Actualité : Gestion de projets juridiques, the movie !
C’était en mai, Legal Pilot nous a invités à discuter de gestion de projets juridiques avec Kristina Lazatian, qui dirige l’agence Legal design Imagine Legal design et Victor Billette de Villemeur, Product Manager L'Oréal.
Une conférence très technique d’une heure, qui non seulement a été très suivie, mais les différentes publications LinkedIn ont généré énormément d’échanges. Signe que le sujet intéresse juristes et avocats.
Legal Pilot a mis en ligne l’ensemble de l’échange que vous pouvez retrouver sur Youtube, en cliquant ici.
On se retrouve dans un mois.
Sur la plage, on parlera peut-être de sujets chauds, comme les modèles de langage, l’apport d’affaire, la levée de la confidentialité sur les avis des juristes… (cf mon dernier post sur les 10 paris sur la profession d’avocats).
On pourra aussi prendre de la hauteur en abordant le langage clair avec HG Wells et Churchill, ou alors on parlera argent et comment mieux facturer.
N’hésitez pas à me suggérer des idées de sujets !
Beau condensé de connaissances pour expliquer le processus de création d’un schéma !